Alice, fondatrice d’Argilice : « Être artisan, c’est se lancer confiant dans des projets qui ont du sens »

Chaque année, 100 000 apprentis sont formés en France aux métiers de l’artisanat. Le secteur, en pleine expansion, enregistre depuis deux ans une augmentation significative de ses forces vives. Crise sanitaire, retour au local et aux « métiers qui ont du sens »… Comment les artisans valorisent-ils aujourd’hui leur savoir-faire et leurs engagements ? Reportage.

L’artisanat, première entreprise de France avec 1 700 000 structures à ce jour répertoriées. Et la tendance dans le secteur serait à l’essor, en attestent les chiffres prometteurs communiqués par la Chambre des Métiers et de l’Artisanat (CMA) et des centres de formation : 100 000 apprentis sont chaque année formés via ces cursus. Si 2020 avait connu une hausse de 4% d’inscrits, 2021 voit quant à elle surpasser les statistiques en enregistrant une hausse de 8% dans les effectifs nationaux.

Formations certifiées, branches de métiers diverses et adaptées pour tous, renouveau des pratiques grâce à la digitalisation de la communication… Les atouts ne manquent pas pour attirer les jeunes et les personnes en reconversion professionnelle. Place aux activités manuelles et aux métiers qui entrent en adéquation avec le principe du retour au local.

Alice Raoult en est l’exemple même. À seulement 18 ans, elle fondait son entreprise de céramique, Argilice, installée à Aubagne, commercialisant des objets destinés aux arts de la table avec des gammes de produits 100% faits main dans son atelier.

« La céramique est un métier à travers lequel on apprend des choses sur toute une vie, je dis souvent que c’est un apprentissage éternel, conçoit la jeune femme. J’ai commencé à 13 ans par le biais d’une école dans laquelle je faisais des stages. Il a fallu que je trouve un métier à découvrir et il s’est avéré qu’un ami de mon père avait son atelier, j’y ai fait un stage d’un mois, ça a été une révélation, un coup de coeur instantané, j’y suis restée 4 an. J’ai suivi un apprentissage sur deux ans par la suite avant de me lancer dans l’entrepreneuriat. »

Alice Raoult, fondatrice d’Argilice.

Susciter des vocations

Les dispositifs sont aujourd’hui nombreux à faire la promotion des métiers artisanaux, comme c’est le cas dans les Bouches-du-Rhône où sont chaque année sensibilisés les jeunes à la découverte de ces entreprises. Le 19 octobre dernier, le rendez-vous de la CMAR et de la Métropole était notamment donné à des collégiens d’Auriol. L’année d’avant, la nouvelle édition de la Route de l’Emploi de la CMAR s’était quant à elle déroulée à Châteauneuf-les-Martigues.

Un engagement constant qui a pour vocation d’en alimenter d’autres. « Je reçois des gens dans mon atelier, surtout des adultes car cela demande de la concentration et de la technique, mais ça m’arrive d’accueillir aussi des enfants, continue Alice. Personnellement, je pense qu’il me faut encore du temps pour bien m’implanter avant de pouvoir proposer mon savoir-faire à d’autres. Mais il est intéressant de voir que de plus en plus de jeunes ont moins peur de se lancer. On a plus d’aides, donc moins de soucis, mais pendant mes formations j’ai surtout rencontré des femmes en reconversion professionnelle, cela manque encore de jeunesse dans mon métier. »

Et à en écouter l’entrepreneuse, la clé de la réussite réside dans l’implication et la confiance en soi. « J’aurais aimé qu’on me dise :  »Vas-y, fonce, lance-toi, n’aie pas peur, rien n’est grave. » On ne s’en rend pas compte, mais c’est ça qui prévaut, c’est important de soutenir des passions. C’est ça être artisan : se lancer dans des projets qui ont du sens avec confiance. »

Un retour vers le local affirmé depuis le début de la crise sanitaire

Comme elle, des milliers de petites entreprises cohabitent en France sans pour autant être visibles par leurs potentiels consommateurs. Dans une volonté de promotion de ces artisans, avec la mise en lumière de savoir-faire locaux, nombreuses sont les plateformes à avoir vu le jour, et ce en particulier dès mars 2020, avec le confinement.

Car la crise sanitaire aura certainement mis en exergue le besoin d’un retour aux produits locaux mais aussi celui d’une solidarité à différentes échelles : entre les artisans qui ont peu de moyens et les personnes aptes à leur apporter de la visibilité.

Là encore, la jeune génération se démarque, comme le prouve Mélina, ancienne étudiante en Marketing des produits innovants à l’Université d’Aix. Avec sa boutique en ligne Chez Méli, basée aujourd’hui à Oraison dans les Alpes de Haute-Provence, elle entend faire partie d’une chaîne sociale engagée.

@chezmeli_

« Mon objectif est de valoriser le savoir-faire français avec des créations d’artisans de Provence et d’Auvergne, nous indique-t-elle. Il s’agit aussi de proposer des produits plus durables bons pour le corps et bons pour l’environnement, notamment avec des produits élaborés à partir de matières premières locales et naturelles. » Sur son e-shop, les internautes peuvent découvrir de nombreuses références : pour la cuisine, la salle de bain, et même des accessoires pour enfants.

Consommer local, consommer solidaire

Pour aller plus loin dans la promotion de ses créations, Alice Raoult a quant à elle fait le choix de se rapprocher de l’équipe de L’Effet Pap’. « La fondatrice du site, Elsa, m’avait contactée par Instagram peu de temps après mon début d’activité. L’équipe véhicule des valeurs très importantes, qui font sens pour moi. Ils sont bienveillantes, s’engagent avec nous. On retrouve mes produits sur leur e-shop et je leur envoie des pièces quand ils sont présents sur des marchés. »

Gamme de produits commercialisée sur l’Effet Pap’.

Et le nom fait sens. L’effet papillon : « Chaîne d’événements qui se suivent les uns les autres et dont le précédent influe sur le suivant. » Pour les cinéphiles, le thriller éponyme en aura sans doute fait réfléchir plus d’un. Mais, si l’on voit le verre à moitié plein, l’effet papillon peut aussi avoir des effets favorables. Y compris dans les petits gestes du quotidien.

Pourtant, nombreux sont les Français à ne pas s’investir dans une démarche durable. Pour 60% d’entre eux, ils estiment qu’il est difficile de consommer de manière responsable à cause du coût des produits (52%), de l’insuffisance de l’offre (40%) et du manque d’information (38%) selon les données relevées par l’Observatoire de la Consommation.

« Internet est un bel outil pour toucher plus de monde, mais les petites entreprises artisanales se retrouvent face à des géants qui ont des moyens énormes, en termes financiers et de communication, souligne Elsa Fabre, fondatrice de l’Effet Pap’. Il existe pléthore de sites individuels mais sur lesquels il n’y a pas de trafic. Donc je me suis dit qu’un site qui rassemblerait toutes ces personnes était à créer. C’est un vrai travail de recherche de la part de notre équipe avec une sélection minutieuse : on va regarder les valeurs que véhicule l’entreprise et la transparence sur l’élaboration des produits. On s’est positionné sur le créneau des cadeaux avec une volonté de limiter la surconsommation. Le but est de faire acheter un bel objet qui fait plaisir et qui a une histoire derrière. Cela contribue à valoriser cette consommation durable et engagée.« 

Alors si la pénurie des cadeaux de Noël se fait aujourd’hui sentir au niveau des grandes surfaces, voici quelques moyens de garnir le pied du sapin pour les fêtes de fin d’année, et ce avec bonne conscience.

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